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Albin Michel, 2001 |
Edgar est né le jour où il est mort ; ou presque. C’est ce que
tous croyaient. Premier accident, premier miracle!
Si à cet événement majeur on ajoute une naissance métissé
Apache-Blanc, une mère constamment saoule et déprimée, un père
disparu, une grand-mère folle et sorcière, on peut rapidement
tomber dans le désespérément sinistre.
Il n’en ai rien!
Bradly Udall arrive à faire jaillir le sens comique des moments
désespérés.
Rien ne sera épargné à Edgar dès la sortie de
son coma :
une convalescence à Ste Divine dans un hôpital
délabré entourée d’un alcoolique, d’un drogué et d’un
dealer-voleur d’enfant, Willie Sherman pensionnat-bagne où il faut
se battre chaque jour pour sa survie, une famille d’accueil mormone
à Richland qui s’effrite et se déchire, une errance sur les
routes pour une destination finale et mystérieuse, Stony Run.
Récit attachant par le ton assez candide avec lequel Edgar narre
sa quête, le passage du « je » au il » quand il
lui devient urgent de mettre un peu de distanciation entre lui et ses
coups du destin. Phrases percutantes mâtinées d’humour et de
cruauté. On se prend vite d’affection pour cet étrange enfant
fracturé, aux idées philosophiques trop avancées pour son jeune
âge. On admire sa grande force et sa formidable acuité à décrypter
la frénésie et l’incohérence du monde qui l’entoure. A la fois
exutoire et supplique, son récit, rempli d’humour et de fureur,
est, paradoxalement des plus réjouissant !