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jeudi 25 octobre 2012

Mensonges d'été / Bernard Schlink [Nouvelles]

Gallimard, 2012
Ils mentent par lâcheté, par confort, par peur du changement ou simplement pour sauver les apparences. Un musicien amoureux d’une jeune femme riche ne parvient pas à lui avouer qu'il n'a pas un sou ; un écrivain croit se protéger par de petites cachoteries ; un vieil homme atteint d'un cancer souhaite recourir à l'euthanasie sans oser en parler à sa femme.
Auteur du best-seller « Le liseur », l'écrivain allemand Bernard Schlink livre un recueil de sept nouvelles, sept variations sur le thème du mensonge et de ses conséquences. Il aborde le fonctionnement du couple et de la famille, les conflits entre les générations, la jalousie ou encore le vieillissement. L'auteur nous tend comme un miroir de nous-mêmes, et chacun pourra se retrouver dans un des personnages. Il n'y a guère de place pour l'espoir dans Mensonges d'été. Mais la beauté de l'écriture transcende la lucidité implacable des textes et laisse au lecteur une très forte impression une fois le livre refermé.

Chantal, Médiathèque

Pourquoi être heureux quand on peut être normal / Jeannette Winterson

Editions de l'Olivier, 2012
Révélée en France en 1991 avec un récit autobiographique," les oranges ne sont pas les seuls fruits", Jeannette Winterson revient ici sur son parcours de femme et d'écrivain .
Dans une petite ville industrielle du nord de l'Angleterre, enfant abandonné, Jeannette est adoptée par les Winterson. Elle survit et lutte entre une mère intransigeante, une évangéliste obsédée par la bible et les écritures saintes, incapable d'aimer et de s'aimer et un père complétement effacé. Pour échapper à cette atmosphère pesante, Jeannette, petite fille surdouée issue du prolétariat puis adolescente rebelle, homosexuelle et féministe trouve refuge à la bibliothèque où elle découvre la littérature. L'espoir, la passion des livres et la vie chevillés au corps, elle intègre Oxford et se lance dans une carrière d'écrivain.
Un récit qui nous entraîne sans jamais nous lâcher à l'instar de son auteur,un personnage volontaire, pugnace, qui a décidé de son destin sans jamais dévier de son but. Un récit qui est avant tout celui d'une quête, celui de la liberté.
Mylène, Médiathèque

La Terre outragée / Michale Boganim [DVD]

France Télévisions
distribution, 2012
Une barque avance doucement sur le lac. A son bord, Anya et son amoureux. Ils vont se marier. Sur la berge, Alexeï, ingénieur, et son fils. Ils viennent de planter un petit pommier et regardent voler des cigognes. Passent des employés de la Centrale toute proche ; ils échangent sur leur travail.
Le jour du mariage arrive ; il pleut. Mais peu importe. Pourtant pendant que la fête bat son plein, des poissons meurent, le pommier se rabougrit. Une tension diffuse monte, l'averse se transforme en déluge. Le marié est soudain réquisitionné pour éteindre un feu ; Alexeï est appelé. Il y a urgence, une catastrophe de est arrivée. Quelques jours plus tard, la population est évacuée.

Michale Boganim, la réalisatrice, dresse d'abord un tableau idyllique de la vie à Pripiat, ville modèle, construite avec la Centrale. Ses habitants en sont fiers. Mais l'explosion fait place à l'incompréhension. Les valeurs s'effondrent. L'éden devient un no-man's land ; l' homme est chassé du paradis.

Ce film est à plusieurs points de vue remarquable :
c'est la première fois qu'une fiction est tournée à Tchernobyl, il montre l'invisible, c'est à dire la radioactivité, l'attachement à sa terre natale, la disparition brutale d'une ville, la douleur de l'exil -autant intérieur que géographique- et révèle l'actrice Olga Kurylenko, immense star en Ukraine.
Aude, Médiathèque

Fichés ? Photographie et identification, 1850-1960 [Documentaire]

Perrin, 2012
Souriez vous êtes fichés !

Ce livre reprend l'exposition présentée aux Archives Nationales du 28 septembre au 26 décembre 2011 sur le thème de l'identification. Avec une iconographie riche et inédite, exhumée du ministère de l'Intérieur, il relate l'histoire peu connue des politiques de fichage des individus. On y croise diverses photographies, du début du XIXe aux années 1960 : femmes galantes , communards, anarchistes, gens du voyage, opiomanes, réfugiés espagnols, juifs , algériens ... Tous ceux qui en quelque sorte font peur, et représentent un danger pour l'ordre public. Ce document révèle toute la complexité des rapports entre les citoyens et l' État, entre protection et répression....
Mylène, Médiathèque

La faute d'orthographe est ma langue maternelle / Daniel Picouly

Albin Michel, 2012
Le crime parfait par excellence : du 20/20

Après une terrible humiliation, "debout sur le bureau, les mains sur la tête, un cahier accroché autour du cou (il est puni)", l'enfant décide de commettre le crime parfait en tuant son professeur.
Tout en réfléchissant aux moyens d'y parvenir "avec style, très important le style", l'enfant-auteur nous dévoile des anecdotes sur sa famille très modeste, sur sa vie d'écolier nul en orthographe.
Roman humoristique sous forme de pièce de théâtre avec un seul personnage, l'auteur un enfant de 10 ans.
Une histoire avec des phrases courtes, un monologue, d'une lecture facile avec des mots et des rêves d'enfants, sensible, émouvante, prenante et tendre. Tout est tourné à la dérision même la pauvreté.

Pascale, Médiathèque

Le bébé tombé du train / Joe Hoestlandt [Roman jeunesse]

Oskar, 2011
Quand l'amour d'une mère est plus fort que tout

Anatole est un vieil homme solitaire. Des trains passent derrière chez lui mais cela ne le concerne pas. Un jour dans son jardin il trouve un bébé et décide de s'occuper de cet enfant qui lui a souri. Avec lui, il découvre le bonheur d'aimer et d'être aimé.
Ce court roman aborde de façon indirecte et détourné le thème de la Shoah, et des trains qui emportaient des milliers de juifs vers les camps de concentration. Car ce bébé, tombé du train, on comprend assez vite qu'on ne s'en est pas débarrassé pour le tuer, mais plutôt pour le sauver de ce qui l'attendait à l'arrivée. Ce livre est aussi le récit d'une belle histoire d'amour entre un vieil homme et un bébé.
Le trio de couleurs jaune, blanc et noir nous rappelle la croix que portait les juifs et ajoute intensité et amplitude à des dessins très expressifs.
Un recueil touchant, une belle surprise. Pour les enfants, à partir de 10-11 ans

Anne-Sophie, Médiathèque

mardi 16 octobre 2012

La dernière neige / Hubert Mingarelli

Seuil, 2002
Le rêve peut-il devenir réalité?

Il n'a plus qu'un but, réunir suffisamment d'argent pour acheter le milan du bazar de la rue de Brescia. Chaque soir, le jeune narrateur raconte à son père malade comment l'oiseau a été capturé. Ainsi au fil des nuits, il tisse des liens avec celui qui est sur le départ et se libère du malheur.
Cette quête initiatique, Hubert Mingarelli la raconte avec son écriture dépouillée et intimiste. Il donne à entendre les silences, donne à voir les regards et les gestes. Il introduit de la poésie, du rêve, parfois aussi de la cruauté dans son monde quasi masculin.
Hubert Mingarelli écrit des romans et des nouvelles.
Il a publié également pour la jeunesse. En 2004, il a reçu le prix Médicis pour « Quatre soldats ».

Aude, Médiathèque

mardi 9 octobre 2012

Uniformité culturelle / Maurice Cury

Le temps des Cerises, 2011
Ce livre traite d'un sujet éminemment d'actualité : quelle évolution et quel avenir pour la culture dans un contexte de globalisation et de mondialisation ?
L'auteur pose un prémisse à sa réflexion « Si la culture ne contraint pas le marché, c'est le marché qui contraint la culture ».
Cette analyse de tous les vecteurs de la culture, cinéma, édition, presse, télévision, œuvres artistiques, langue, nous montre sans équivoque la fragilité de plus en plus grande de la diversité créatrice et surtout de sa diffusion. Une sélection d'articles est également proposée. La loi de Gresham s'appliquerait-elle ? La concentration du pouvoir et du capital mènerait-elle à la paupérisation de la culture ?
Ce livre nous sensibilise et nous permet d'affiner notre réflexion personnelle. Un livre à lire impérativement!
Diane, Médiathèque

Sport de fille / Patricia Mazui [DVD]

France Télévisions Distribution2011
« N'avoir pour horizon que la passion du cheval !»

Gracieuse, jeune femme au tempérament bien trempé, ne s'en laisse pas conter.
Cette cavalière et compétitrice dans l'âme, après s'être vue dépossédée du cheval d'obstacle promis, claque la porte.
Elle redémarre à zéro et se fait embaucher comme palefrenière dans une haras de dressage.
Avec pour seul objectif : avoir un cheval qu'elle mènera au sommet !
S'engage alors un combat entre rivalité, jalousie, talent, séduction, intérêt financiers, amour.

Patricia Mazuy, la réalisatrice, sait mener l'action dans son film à travers des interprètes haut en couleurs, tel Marina Hands, Bruno Ganz et Josiane Balasko.
Elle tente une approche du monde très codifié et peu démocratique des championnats équestres.
Un galop vers l'utopie orchestré par les riffs rageurs de John Cale.

Aude, Médiathèque

Joana Vasconcelos, Versailles (catalogue d'exposition)

Skira-Flammarion, 2012
« Une reine à Versailles »

Après l'américain Jeff Koons et le japonais Takeshi Murakami, c'est la portugaise Joana Vasconcelos qui représente cette année l'art contemporain au Château de Versailles jusqu'au 30 septembre. Sa démarche créative repose sur le détournement et la réappropriation d'objets du quotidien et l'utilisation de tissus, broderies et crochets traditionnels de son pays. Le résultat, ce sont d'extravagants tentacules d'étoffes chamarrées suspendus au plafond, sortes de créatures marines fabuleuses, ou encore, installée dans la Galerie des Glaces, une gigantesque paire d'escarpins, faits de casseroles et couvercles en inox ! L'exubérance baroque et joyeuse des œuvres exposées tranche avec l'architecture classique environnante tout en s'y intégrant parfaitement. On devine dans son travail en apparence très décoratif une critique des stéréotypes de la féminité, de la séduction, mais rien de pesant ou de dogmatique dans ce discours. C'est l'humour, la gaieté et la légèreté qui prédominent.
A défaut de visiter l'exposition, le lecteur feuilletera avec bonheur le catalogue et ses magnifiques reproductions. Un ouvrage de référence pour découvrir les œuvres de cette jeune artiste libre et prolifique.
voir l'exposition

Chantal, Médiathèque

L'amour est une île / Claudie Gallay

Actes Sud, 2010
Festival d'Avignon, 2003. Un soleil accablant et la grève des intermittents planent sur l'atmosphère de ce roman. Odon, metteur en scène, présente la pièce d'un auteur inconnu décédé, Mathilde, actrice devenue célèbre, est revenue jouer dans sa ville d'origine, Marie, jeune paumée, parcourt la ville et veut éclaircir le pourquoi de la mort de son frère.
En phrases et chapitres courts mais intenses, Claudie Gallay dévoile par touches, les déchirures intérieures des 3 personnages, les liens qui les unissent. L'histoire commence lentement puis se mue en suspense, les secrets apparaissent jusqu'à la révélation finale.
Comme dans les Déferlantes son précédent roman où la région du Cotentin était un élément pour ne pas dire un personnage du livre, la ville d'Avignon se laisse découvrir ou re-découvrir. Elle semble imprégnée des pensées que chacun laisse en parcourant ses rues. C'est aussi la mémoire du Festival qui transparaît dans le personnage d'Isabelle.
Ce roman sur le théâtre nous apprend que si nous ne sommes pas comédiens nous sommes acteurs de nos vies.
Framboise, Médiathèque