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Romans - Documentaires


 
La Passe du Vent, 2014
Indovina / Paola Pigani

Invitée des Cafés Littéraires d’Octobre pour son roman « N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures», Paola Pigani est d’abord poète et se produit sur les scènes lyonnaises de la poésie vivante.
Avec Indovina, elle revient en poésie, à cette « écriture fragmentée » qui procède par images « comme des polaroïds » où il est question de scénettes autour des rues de Lyon, de l’amour, de l’enfance, de voyages..
Dans un ensemble suivant intitulé « Ailleurs naît si vite », elle croque ces "Roms en grappe/Hommes femmes enfants" et autres migrants rencontrés sur les trottoirs de sa ville, ces « fillettes qui sautent à cloche-pied/Sur des taches de soleil » et dont le regard croise le sien.
Dans un style simple et dépouillé, la poète court la ville, court la vie.. et nous dit qu’il y aura toujours « des ponts à traverser/des îles oubliées en plein fatras de la ville ».

Paola Pigani sera en lecture à la Nouvelle Librairie Baume le 4 octobre puis recevra à la Manut la cinéaste Caroline Parietti pour son film « J'ai l’honneur de » qui traite en documentaire de ce camp des Alliers où furent internés les tsiganes en 40 avant d’être en Café Littéraire pour son livre à l’Annexe.

Christian Liotard,  Cafés Littéraires de Montélimar

Autrement Littérature, 2013
Noces de neige / Gaëlle Josse

9 mars 1881, un train part de Nice, direction St-Petersbourg.
A bord d'un wagon Pullman, Anna Alexandrovna et les siens, une riche famille aristocrate russe, reviennent de leur villégiature d'hiver.

Elle s'en retourne au pays épouser Dimitri, un cadet du Tsar,



8 mars 2012, le Riviera Express part de Moscou, direction Nice.

Dans une cabine de seconde, une jeune femme russe part trouver l'amour auprès d'un célibataire aisé, choisi sur un site de rencontres.


Gaëlle Josse ose le parallèle de deux destins contrariés, deux huit-clos où elle raconte les heurs et malheurs des vies humaines, ancrées dans l'actualité du moment. Elle fait le grand écart entre plusieurs générations qu'elle lie par une ultime pirouette.
Un chassé croisé franco-russe, où se mêlent amour, sentiments et violence à la manière d'un conte cruel, alternant un récit tantôt à la 1ère personne, tantôt à la 3è.
De son écriture concise, agencée en phrases courtes, se dégage une poésie : "Le train poursuit son avancée dans la nuit, comme s'il ouvrait la terre droit devant lui, rejetant les ténèbres de chaque côté de la voie."
Gaëlle Josse est l'auteur de 2 autres romans et de recueils de poésie.

Aude, Médiathèque 
 
Rivages, 2014
La ligne des glaces /  Emmanuel Ruben

Dépaysement garanti , dans tous les sens du terme, avec le journal de bord de Samuel Vidouble, diplomate voyageur nommé du côté de la Baltique orientale pour une improbable mission de cartographie maritime.
Emmanuel Ruben nous entraine aux confins de l’Europe et de la Russie, dans un pays froid et sans mémoire, où « tout le monde a l’impression de ne vivre nulle part » et où le narrateur lui-même est gagné par la mélancolie ambiante.

Tout ici est « fata morgana », illusion et réalité, comme cette ile croisée en mer, qui n’existe pas mais apparait aux voyageurs et figure sur certaines cartes – « fata morgana » qui renvoie à cet « archipel intérieur que nous laissons derrière nous, tenant coûte que coûte à voir dans ces mots des signes, des traces, des empreintes d’une piste à suivre.. ».

Cette exploration romanesque nous entraine à la fois dans la géographie et l’histoire mouvementées de ce Nord de l’Europe dont nous entendons tous les jours les échos inquiétants et dans les questions des frontières et de l’identité.

Un récit à la fois très documenté et personnel, un rythme soutenu, une écriture imagée et colorée : La ligne des glaces est un roman qui évolue toujours sur les lisières mouvantes du réel et de l’imaginaire .

Europe--Baltique-Russie-Diplomatie-Géographie et histoire-Mondialisation-Cartographie-Imaginaire.

Troisième roman pour ce jeune géographe et voyageur, après Halte à Yalta en 2010 et Kaddish pour un orphelin célèbre et un matelot inconnu en 2013.



Christian, Cafés Littéraires

Des impatientes / Sylvain Pattieu.

Rrouergue - La Brune, 2012

Dans un lycée de banlieue réputé difficile, le destin d'Alina et Bintou bascule.
Alors que l'une, bûcheuse, rêve d'intégrer Sciences Po, l'autre, plutôt Kaïra, tient tête à toute autorité. Un fâcheux concours de circonstances mène à leur exclusion du lycée. Brutalement projetées dans le monde du travail, elles se retrouvent caissières dans un grand magasin de déco et contre toute attente seront ensemble à la tête d'une rébellion des employés.

Une tranche de vie prise sur le vif, une photographie de la jeunesse contrastée de deux filles de banlieue aux prises avec le déterminisme social et leur avenir.
Au delà du passionnant sujet du livre, ce sont les voix intérieures des jeunes filles, d'une puissante justesse et d'une imparable véracité, qui empoignent le lecteur.
Sylvain Pattieu enseigne en Seine Saint-Denis, jadis en lycée, maintenant à l'université. Chercheur en histoire sociale, il donne corps et voix aux contrastes sociaux dans son œuvre de fiction avec une rayonnante intelligence et une troublante humanité. 

Cécile, CDI collège Europa
Gallimard, 2012
Ce qu'il advint du sauvage blanc / François Garde

Dix-sept années séparent la disparition de Narcisse Pelletier, matelot français abandonné par négligence sur une plage d’Australie et la découverte d’un sauvage blanc sur ces mêmes rivages par un équipage anglais. 
Quelques mois plus tard, à Sydney, un jeune scientifique Octave de Vallombray, chargé d’étude pour la Société de Géographie, est amené à prendre en charge cet homme.
Animé tout à la fois d’une réelle compassion pour cet être humain indéfinissable et d’un intérêt rigoureusement scientifique pour l’énigme qu’il représente, le jeune sociétaire s’engage à l’aider à retrouver son histoire, tout en jetant les bases de son théorème : l’Adamologie.

Le style élégant de François Garde s’appuie sur un travail d’archiviste érudit, tout en laissant une large place à l’imaginaire, dans la reconstitution des situations.

France, Bibliothèque Orange

Rouergue (La Brune)
2014
Fixer le ciel au mur / Thierry Briet
« Au moyen d’un clou rouillé
Le poète a fixé le ciel au mur » Rade Tomic.

Cette citation d’un poète de Sarajevo donne son titre au livre de Tieri Briet, voyageur et écrivain posé en Arles.
Il est beaucoup question de poètes dans ce livre (Rimbaud, les tsiganes,ceux de l’ancienne Yougoslavie..), d’écrivaines combattantes ( Hanna Arendt et l’albanaise Musine Kokalari, longtemps embastillée dans son pays et dont l’auteur recherche les traces ), il est aussi question d’un père qui cherche à soutenir par sa correspondance une fille magnifique, révoltée et anorexique.
 

Très beau livre , à découvrir, qui traite de la maladie sur un mode non accablant , mobilise les ressources que peuvent offrir la littérature, les poètes et les chansons pour soigner l’âme d’une jeune femme en souffrance et lui donner l’envie de vivre.
Ce livre est aussi, dans une belle écriture à la fois savante et sensible, un éloge de la liberté comme horizon et de la littérature comme outil de résistance et de survie.Tieri Briet est né en 1964 dans la région parisienne et vit aujourd’hui en Arles. Il a d’abord été peintre avant d’exercer divers métiers. Il est l’auteur d’un premier récit "Primitifs en position d’entraver", ainsi que de deux albums pour les enfants et, d’un essai "En lutte pour une Tsiganie transeuropéenne".

Christian, Cafés Littéraires


Denoël, 2013
La fabrique des mensonges :  Comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger / Stéphane Foucart
Le titre nous dit tout!
L’auteur aborde des sujets d’actualité et ne se prive pas d' harponner les grandes industries.

Le tabac? Ce n’est pas dangereux c’est un plaisir.
L’amiante? C’est un bon matériau. 
Le dérèglement climatique ? Rien ne prouve que c’est l’homme qui en est la cause. 
Le déclin des abeilles ? C’est un mystère n’ayant aucun rapport avec les pesticides.

Les complicités avec le monde académique et scientifique peuvent offrir des tribunes prestigieuses aux industriels. Faire des discours d’experts pour une science légitime, quand elle n’est qu’une pseudo-science à la solde des intérêts économiques. On parle alors de « junk science ». Ne tombons pas dans la facilité qui serait de rester dans l'ignorance!

Stéphane Foucart est physicien de formation et journaliste scientifique au Monde. Il est également l’auteur du « Populisme climatique : enquête sur les ennemis de la science » paru chez Denoël en 2010.

Diane, Médiathèque

Denoël, 2013
(Sueurs froides)
Des nœuds d'acier / Sandrine Collette

Théo croupit au fond de la cave d'une maison isolée. Alors qu'il sortait de prison, il a été enlevé par deux vieillards qui veulent en faire leur esclave.

La collection « sueurs froides » des éditions Denoël est de retour !
Des nœuds d’acier de Sandrine Collette est est l’un des deux premiers titres publiés cette année, et c’est une réussite.
L’histoire nous entraine dans un huis-clos oppressant, véritable cauchemar à vous glacer le sang. L’auteure nous met sous tension, grâce à des scènes percutantes et à une analyse psychologique des personnages finement décrite et parfaitement crédible.

Un premier roman garanti 100% suspens et sueurs froides…

Cécile, Nouvelle Librairie Baume


Autrement Littératures, 2011
Les heures silencieuses / Gaëlle Josse

Autour du tableau d’Emmanuel De Witte « Intérieur avec une femme jouant de l’épinette », l’auteur imagine la vie de la personne représentée au centre de la toile mais de dos.

Il s’agit du portrait de Magdalena Van Beyren, commandé au peintre par son époux Pieter Van Beyeren, administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Delft.

La fille de Cornelis Van Leuwenbroek, tout en décrivant cette toile, reprenant objet par objet tous les éléments de cet univers quotidien mais intime qu’est sa chambre, nous raconte sa vie, à l’aube de l’âge mûr qui s’annonce et nous permet de comprendre ce souhait si particulier de figurer de dos, son seul acte possible de rébellion.


Ce récit intimiste, sur fond de l’histoire du développement du commerce grâce à la marine marchande hollandaise, met particulièrement en lumière le rôle économique qu’assument les femmes, véritables associées de leurs maris à l’extérieur et la transparence – voire la négation – de leur vie personnelle à l’intérieur du foyer.
 

Pour son premier roman, Gaëlle Josse utilise tour à tour l’art du journal intime permettant à Magdalena de dévoiler ses secrets les plus troublants et la virtuosité du critique d’art pour entrer dans ce tableau et en décrypter les renseignements qu’il contient.



Interior with a Woman of the Virginal. (Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam Instituut Collectie Nederland, Rijswijk/Amsterdam)



France, Bibliothèque Orange



A lire aussi :

  • Arturo Perez-Reverte : « Le tableau du Maître flamand »
  • Timothy Brook : « Le chapeau de Wermeer »

Elyzad-Tunis 2013
Le pays natal : textes inédits recueillis par Leïla Sebbar

Dix sept auteurs méditerranéens évoquent leur terre natale : Paul Balta, Hoda Barakat, Marcel Bénabou, Kamal Ben Hameda, Fethi Benslama, Karima Berger, Suzanne El Kenz, Nédim Gùrsel, Mohamed Kacimi, Vénus Khoury-Ghata, Ida Kummer, Dominique Le Boucher, Rosie Pinhas-Delpuech, Leïla Sebbar, Minna Sif, Wassyla Tamzali, Alain Vircondelet.

« Quitté, oublié, aimé, mal-aimé, perdu, interdit, le pays natal devient dans l’exil un territoire littéraire reconstruit par la mémoire ».

Minna Sif est née à Propriano en Corse, a grandi à Marseille dans une famille berbère venue du Maroc. Devenue écrivain, se disant enfant de la diversité culturelle et du bilinguisme , elle anime à Marseille des ateliers d’écriture et a titré sa contribution « Une langue est un pays ». Tout un programme pour celle qui écrit : « Mes langues maternelles sont mon pays natal ».

Le berbère, le corse, le français, l’arabe , Minna enfant n’établissait aucune hiérarchie entre ces langues et les investissais avec la même curiosité et la même confiance. Plus tard elle nous raconte comment, par la grâce des langues , elle a voyagé du pays de ses parents ( le Maroc qu’elle ne connaissait pas) au sien (la France) et comment le français et le berbère sont devenus pour elle langues du lien .

Rien d’étonnant à ce qu’aujourd’hui elle soit invitée par les Cafés Littéraires à animer des ateliers d’écriture à Pracomtal avec des collégiens et des mères de famille dont les écrits donneront lieu à une revue d’actualité qui paraitra au moment de la prochaine édition des Cafés en Octobre.


Disponible à la Médiathèque : Massalia Blues ( Alma, 2013)
A paraître en poche la ré-édition de Méchamment Berbère (Ramsay, 1997)

Christian, Cafés Littéraires

Actes Sud, 2012
Pour seul cortège / Laurent Gaudé

Nous sommes à Babylone en 324 av. J.C. et assistons au banquet donné en l’honneur du triomphe d’Alexandre le Grand.
Après une décennie de conquêtes, il fête ses victoires avant de repartir vers l’Est.
Soudain, Alexandre s’écroule, terrassé par de violentes douleurs.
Ses quelques jours d’agonie sont le théâtre prévisible des manœuvres de ses généraux qui cherchent à se placer pour retirer le plus d’avantages possibles de son héritage.
Sous l’impulsion de ses plus fidèles compagnons, le récit prend une autre dimension.
Refusant de s’incliner devant l’issue fatale que la mort d’Alexandre devrait entrainer : funérailles grandioses et dépècement de son empire, cinq cavaliers et une femme nous proposent une dernière chevauchée.
Par fidélité et reconnaissance pour tout ce qu’Alexandre leur a fait connaître sur eux-mêmes et sur les autres cultures, ils vont l’accompagner dans son ultime voyage et lui faire réaliser son dernier rêve aux portes de l’Indus.

Par son souffle épique et poétique, Laurent Gaudé nous entraîne dans une quête spirituelle nous amène au travers des déserts, de leur immensité, à connaitre d’autres peuples, d’autres cultures, à reculer les limites humaines pour entrer dans la légende.

France, Bibliothèque Orange

Presses de la Cité, 2011
Le langage secret des fleurs / Vanessa Diffenbaugh

Ne vous fiez pas au titre ni à la couverture, délicieusement maniérée. L’histoire de Victoria Jones, abandonnée tout bébé, bouscule et dérange.

Alternant des séjours au sein de familles dans l’impossibilité d’assumer jusqu’au bout leur souhait d’adoption puis de foyers régis par des objectifs bien éloignés de ses besoins d’amour et de sécurité, sa seule possibilité de survie est de ne plus être aimable.

A 18 ans, elle est brutalement sortie du système de protection des mineurs et mise à la rue. N’ayant plus confiance en personne, elle vit dans les jardins publics et découvre l’univers des plantes et des fleurs.

Elle entoure de soins et redonne vie aux boutures piétinées, cassées, jetées, qui constituent son jardin secret.

Sa rencontre dans le quartier avec une fleuriste lui fait découvrir sa capacité instinctive à mettre en fleurs les souhaits et attentes des clients que leurs mots ne savent pas forcément exprimer.
A travers ce langage par fleurs interposées, on assiste peu à peu à la re-naissance de cette jeune femme tour à tour rétive, violente, explosive, imprévisible et capable d’une étonnante prescience des sentiments chez les autres.

Saura-t-elle accepter d’être à nouveau aimable ?


Pour son premier roman, Vanessa Diffenbaugh, étonne par la justesse de ses portraits et sa connaissance des différents univers évoqués. Son expérience d’animatrice d’ateliers d'écriture dans des quartiers défavorisés a certainement jouée un grand rôle dans la création de cette histoire.
 
France, Bibliothèque Orange


La garçonnière / Hélène Gremillon

Flammarion, 2013
D'habitude c'est le Dr Vittorio Puig qui écoute parler Eva Maria sa patiente.
Aujourd'hui les rôles sont inversés.
Vittorio a été arrêté pour le meurtre de sa femme Lisandra.
Eva Maria se lance à corps perdu dans la défense de son psychanalyste, sa bouée de sauvetage depuis la disparition de sa fille Stella.
C'était 5 ans plus tôt, en Argentine, en 1985, sous la dictature militaire.
Eva Maria recherche les éventuels meurtriers de Lisandra, cette jeune femme belle et fragile. Des patients de son mari? Son maître de danse?

Le lecteur est comme Eva Maria, il s'engouffre dans un chemin, revient sur ses pas, repart sur une autre piste. Peu à peu ses tribulations révèle Vittorio sous un autre jour et un couple qui se délitait...

Un récit passionnant, inspirée de faits véridiques dans une Argentine en convalescence, raconté en grande partie par Eva Maria qui laisse Lisandra « revenir » conclure, en dévoilant son terrible drame.

Hélène Grimillon signe là son 2è roman (après « le confident »), entre polar et drame conjugal, mené avec maestria!

Aude, Médiathèque


Ed. de l'Olivier, 2014
Calcutta / Shumona Sinha

Retour à Calcutta par une écrivaine bengalie de langue française.

Invitée de la Fête du Livre de Bron en Février 2014, Shumona SINHA nous entraîne dans le pays de son enfance où elle retourne à l’occasion de la mort et de l’incinération de son père.

Plongée dans le Bengale des années 70 avec les yeux de l’enfance, retour sur une histoire marquée par les violences politiques et sur une famille écartelée entre un père activiste marxiste et une mère mélancolique.

Ce roman est construit comme un puzzle mémoriel où se mêlent les années d’enfance, le roman familial et l’histoire du Bengale occidental. Il nous fait sentir cette ville de Calcutta, les lieux et objets de l’enfance de la narratrice en y retrouvant le souvenir de la couette rouge où le père cachait un revolver, celui du flacon d’hibiscus dont on massait le crane de la mère et des odeurs du curcuma, des épices..

Shumona Sinha qui se dit dans une « parade amoureuse »avec la langue française et vient de la poésie, a dans ce roman une écriture viscérale, charnelle et poétique qui colle à ce Calcutta où s’entremêlent les « cendres du passé » et les « fatras du rêve ».

Christian, Cafés Littéraires de Montélimar.


Arléa, 2013
Un jour par la forêt / Marie Sizun


École buissonnière




Bonne élève à l'école primaire, Sabine, onze ans ne sent pas à sa place au lycée.

Son père est parti et elle a honte de sa mère qui fait des ménages pour vivre. Elles habitent de l'autre côté du périph'. Sabine a peu d'amis, se heurte souvent avec sa professeur de français qui demande un rendez-vous avec sa mère afin de la changer d'orientation
Elle décide de ne plus retourner à l'école et part à la découverte de Paris. Sa rencontre avec un jeune couple anglais va lui révéler d'autres façons de voir les choses et susciter de nouveaux espoirs.


Ce roman illustre la fracture sociale, l'uniformité de l'enseignement, l'échec scolaire qui guette les enfants de milieux défavorisés.

Il est néanmoins résolument optimiste et dit que la culture, la poésie sont accessibles à tous.

Comme dans ses précédents romans, Marie Sizun décrit toute en sensibilité et avec délicatesses

des situations quotidiennes et des sentiments intimes.




Framboiz, Médiathèque


Rouergue, 2013
L'odeur des planches / Samira Sedira

De la lumière à l'ombre

Comédienne dans les plus grands théâtres publics, Samira Sedira se retrouve à 44 ans, sans contrat, en fin de droits. 

Elle se retrouve contrainte à faire des ménages. Cette fille d'immigrés algériens se voit revivre la situation de ses parents, de son père travaillant dur sans poser de questions, de sa mère analphabète qui n'a jamais pu s'intégrer et qui vivait dans la honte et la solitude. Samira avait grandi avec l'obligation de réussir et y était parvenue dans un domaine pourtant loin de son monde. Elle découvre maintenant ce sentiment de n'être rien, d'être invisible, de ne plus appartenir à aucun groupe, de ne rien partager avec personne.

Ce premier roman autobiographique aux chapitres brefs et intenses comme des coups de poings aborde plusieurs thèmes : l'exil, les enfants d'immigrés, le théâtre, le chômage, les petits boulots.
Le récit de son travail de bonne, de son enfance et de la vie de ses parents est poignant et réaliste. Les mots employés sont précis et forts, les situations sont décrites sans détours.
"L'odeur des planches" sera lue à la Comédie de Valence en février 2014 par Sandrine Bonnaire.

Framboiz, Médiathèque

Gaïa, 2013
Le peigne de cléopâtre / Maria Ernestam

Stockholm.
Mari, après un licenciement houleux, se rend au café le Refuge pour y retrouver ses amis, Anna, propriétaire des lieux et Fredrik. Tous les trois, amis de longue date décident d'unir leurs talents et leurs compétences pour créer une société "Le Peigne de Cléopâtre ", une entreprise capable de résoudre les problèmes des gens.

Chacun des trois amis se débat dans sa vie avec ses secrets et un passé plus ou moins douloureux : Mari avec l'Irlande et son ex-compagnon David , Anna avec son ex-mari Greg et sa fille Fanditha, Fredrik avec une enfance difficile et avec Miranda, un transsexuel qu'il retrouve presque chaque soir dans une boîte de nuit, le Fata Morgana.
Les missions affluent jusqu'où jour où se présente à eux une vieille dame, Elsa Karlsten avec une requête inattendue : éliminer son mari, un homme violent qui l'humilie et la terrorise depuis des années.
Les trois amis se retrouvent alors confrontés à un choix cornélien, partagés entre leur morale et leur empathie vis à vis de cette femme , jusqu' au décès inopiné du mari...

Avec ce roman à trois voix, Maria Ernestam, auteure suédoise, réussit une comédie noire non dénuée d'humour dans la même veine que "Les oreilles de Buster" paru en 2011.

Mylène, Médiathèque

Héloïse d' Ormesson,
2013
Tout ce que je suis / Anna Funder

2001, Ruth une septuagénaire reçoit en Australie, son pays d'adoption, un colis contenant les derniers écrits d'Ernst Töller, écrivain allemand exilé à New York avant la deuxième guerre mondiale dont elle a été l'amie et le compagnon d'armes.

Les chapitres alternent entre les souvenirs d' Ernst en 1939 et ceux de Ruth en 2001.

C'est le récit de la lutte et de la résistance face à l'arrivée au pouvoir d'Hitler, la montée du nazisme et de la persécution des opposants au régime .

Quatre amis, quatre intellectuels de gauche, tous adhérents au parti des travailleurs socialistes : Dora Fabian, figure centrale de ce quatuor , Ernst Töller , Hans et Ruth Wiseman se trouvent contraints à l'exil à Londres. Malgré les interdits, les persécutions, les enlèvements et les exécutions même au delà des frontières du IIIème reich , ils continuent la lutte en tentant d'alerter le monde sur la menace nazie et l'imminence d'une guerre prochaine.

C'est aussi un roman sur l'amour, l’amitié, l'engagement mais aussi sur la trahison et la délation.
Anna Funder s'est inspirée de faits et de personnages réels . Elle a même rencontré Ruth , seule survivante du quatuor.
Anna Funder parle d'un sujet peu traité et peu connu, celle de la résistance allemande au nazisme pendant l'entre-deux guerres.

Mylène, Médiathèque


A lire aussi : 




A voir : 


Actes Sud, 2013
Danse noire / Nancy Huston

Ta, ta-da Da, ta, ta-da Da, ta, ta-da Da …c’est le battement du tambour qui rythme la Capoeira, la danse noire des favelas du Brésil ; c’est aussi ce qui rythme le dernier roman de la canadienne Nancy Huston "Danse noire".

Un roman/monde, un roman/film qui retrace trois lignes de vie , celle de Milo, le scénariste canadien, de Neil, son grand-père, le poète et révolutionnaire irlandais et de Awanita, sa mère, la prostituée indienne de Montréal qui l’a abandonné à la naissance.
Le roman nous entraine tout au long du 20e siècle entre le Vieux et le Nouveau Monde, traverse langues et cultures en  « explorant les racines enfouies et les fruits parfois difformes de l’identité canadienne .. et de l’identité tout court » (N.H).
Avec ce roman à la langue musicale et planétaire, Nancy Huston nous donne un grand roman de l’exil et de la transmission qui laisse espérer en la possible rédemption par l’art.

Christian, Comité de lecture des Cafés Littéraires


Rivages/Thriller, 2013
Les nuits de Patience / Tobie Nathan

Invité vedette des derniers Cafés Littéraires de Montélimar pour son « Ethno-Roman », Tobie Nathan est aussi auteur de polars
Avec ces  « nuits de patience » , il nous embarque au pays des djinnas et des sorciers en plein Paris d’aujourd’hui. 
Tout commence à Barbès au « CMP Désir »(Centre Médico Psychologique)où Ernesto Sanchez , psychologue, est confronté à Patience, jeune mineure guinéenne en fugue et que sa famille accuse d’être une sorcière..

Un roman aussi fascinant que déroutant , qui entraine le lecteur loin des idées reçues dans une enquête atypique entre les mondes et le fait avancer vers une compréhension des différences .

Christian, Cafés Littéraires

10-18, 2013
La fête du siècle / Niccolo Ammaniti


Bienvenue dans l’Italie du strass et des paillettes, dans un monde où célébrité, gloire et richesse façonnent des hypocrites et des cyniques.

Toute la Rome « huppée » est conviée à la soirée organisée par un riche magnat de l’immobilier dans sa somptueuse villa. 

Nous suivons quelques protagonistes se préparant pour cette occasion grâce à une galerie de portraits hétéroclites.

Niccolo Ammaniti a écrit une farce grotesque et brillante à travers le récit de cette fête « catastrophique ». Tous les personnages sont à la limite de la caricature, avec une mention spéciale pour les membres d’une secte satanique.

Sinistre et réjouissant à la fois !



Cécile, Librairie Chapitre



Liana Levi, 2013
N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures / Paola Pigani.

« N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures», dit le proverbe tsigane. Paola Pigani nous introduit d’un pas léger et grave dans l’univers des tsiganes et met au jour l’histoire de leur internement dans les années 1940 en France .
Le roman se construit autour du récit d’une vie de femme , Alba, de l’enfance au camp des Alliers prés d’Angoulème à la vie en mobile-home aujourd’hui . 

Avec ce premier roman à la fois poétique et politique , Paola Pigani, éducatrice lyonnaise, rend leur part de mémoire aux Manouches de son enfance , elle fait vivre la parole et la fierté d’un peuple qui n’en a pas fini d’être pris dans les tourmentes.

Christian, Cafés Littéraires

Verticales, 2013
Dressing / Jane Sautière

Ouvrir un livre, ouvrir une armoire

C'est un inventaire nostalgique de la garde-robe de l'auteur depuis l'armoire familiale jusqu'à la penderie actuelle.
Un autoportrait se dessine à travers l'évocation d'une robe, d'un manteau, d'un pull, de chaussures et d'autres vêtements liés à des souvenirs, des périodes de sa vie.
Ce récit intime révèle la société et son évolution en matière de goûts vestimentaires, depuis le fait de s'habiller "utile" jusqu'à l'usure à celui de s'habiller pour plaire, depuis les années lointaines où femme, il fallait lutter pour porter un pantalon à celles où le vêtement nous identifie.

Ce livre personnel s'adresse à chacun ou chacune de nous, tant nous reconnaissons au fil des courts chapitres, des impressions et des émotions vécues.
Ce sujet d'apparence futile est cependant essentiel, le vêtement nous accompagnant toute la vie. Habit, habiter : nous habitons un vêtement comme il nous habite aussi.

Framboiz, Médiathèque

A lire aussi une étude d'Elise Ricadat : " Rien à me mettre! : le vêtement plaisir et suplice" parue chez Abin Michel en 2012
 

Buchet Chastel, 2013
La paupière du jour / Myriam Chirousse
La paupière du jour nous plonge au cœur des secrets d’un petit village
C’est là que, guidée par la vengeance, l’héroïne est à la recherche de l’assassin de son fiancé récemment libéré. 
Mensonges, non-dit, ragots et révélations, sont autant d’éléments qui tissent une trame dense, parfois oppressante, mais toujours captivante. Nous nageons en eaux troubles au milieu d’ un puzzle familial disloqué

Sous couvert de recherches botaniques, la jeune femme, installée dans un gîte, ira souvent arpenter les sentiers des montagnes environnantes. 
L’auteur décrit remarquablement ces milieux forestiers, ces sentes qui se perdent, qui s’amenuisent jusqu’à disparaitre, ces vallons, ces ruisseaux, ces sous-bois « presque » inhabités…. les premières neiges et les dangers à randonner seule…

Entre vieilles ruelles et vastes forêts, la poursuite d’un meurtrier révèle bien des surprises.

Après Miel et vin, "la paupière du jour" est le deuxième roman de Myriam Chirousse, par ailleurs traductrice pour les éditions Métailié.


Cécile, Librairie Chapitre

Métaillé, 2013
Bel Paese / Serge Quadruppani

Traducteur de l’italien, Serge Quadruppani nous propose ici une vision de l’Italie contemporaine à travers une dizaine de nouvelles qui ont été commandées par l’éditeur à des romanciers noirs italiens (Camilleri, Wu ming ...) 
Un portrait terrible du Beau Pays, des rues de Milan aux montagnes de Calabre, des hauteurs du Piémont aux faubourgs de Naples et Palerme et aux écrans berlusconiens.
Un pays rongé par la corruption, la misère et la criminalité, un pays où s’affirme aussi la puissance des forces de la création et de la révolte comme en témoigne ce livre.
Des styles divers, des écritures vivantes pour ce polar en forme de nouvelles.

Christian, Cafés Littéraires de Montélimar


Sonatine, 2013
Qui? / Jacques Expert

La diffusion d'une émission télévisée sur une affaire non élucidée met en émoi ses protagonistes.
19 ans auparavant, Laëtitia Doussaint, 9 ans, est violée et assassinée dans le lotissement du Grand Chêne.
Le meurtrier court toujours.
Ce soir là, au fur et à mesure du reportage, les principaux suspects revivent cette histoire qui les hante toujours. De douloureux souvenirs remontent et les esprits s'agitent.
Ce roman policier, d'une construction originale, dévoile dès le départ son assassin, sans pour autant le nommer. Chaque chapitre égrène le temps de l'émission qui s'écoule et donne attentivement la parole aux quatre voisins suspectés. Dialogues, réflexions intérieures, retours sur le passé s’entremêlent.
Comme au Cluedo, le lecteur émet des hypothèses et tente ainsi de reconstituer le puzzle.

Tout au long de ces 320 pages, l'auteur truffe son récit de fausses pistes et de rebondissements, raconte la noirceur de l'âme humaine, les couples usés par les années. L'atmosphère devient pesante, oppressante.
Jacques Expert est un homme de télé (directeur des Magazines de M6) et de radio (France Inter et France Info). Il a couvert de nombreux faits-divers qui l'ont amené à s'intéresser aux femmes qui partagent leur vie avec des meurtriers sans le savoir ou se l'avouer.

Aude, Médiathèque


Actes sud, 2012
A défaut d'Amérique / Carole Zalberg

Parmi les personnes assistant à l’enterrement d’Adèle (Etèle de son prénom d’origine), deux femmes se détachent : Fleur son arrière-petite-fille et à l’écart, Suzan, une jeune femme américaine. 
 
Ainsi commence la reconstitution de l’histoire de la lignée d’Adèle par l’alternance des récits des deux jeunes femmes. 
Elles ont en commun l’origine de leurs familles venues de Lituanie, trois générations auparavant.

Tout l’intérêt de ces vies racontées sur fond d’Histoire européenne du XXème siècle réside dans l’attitude de chacune de ces femmes face à la transmission de la face sombre de leur judéité : fatalisme, pogroms, massacres, exils.
Fleur et Suzan rompent avec la lignée des femmes et s’affranchissent de leurs douleurs. Elles peuvent ainsi mener leurs vies à partir d’elles-mêmes, libérer l’avenir.

France, Bibliothèque orange

Stock, 2013
Avoir un corps / Brigitte Giraud.

L'auteur revient sur ses quarante premières années avec le parti-pris de retrouver la mémoire corporelle des moments de ce parcours de femme, de la petite enfance à la quarantaine, de la fille-garçon à l'amoureuse, du devenir mère à se retrouver veuve après la mort du mari (le garçon comme elle le nomme) pour en arriver à cette quarantaine où elle trouve son unité "ma tête et mon corps se rejoignent, après une longue séparation".

Un livre fort, un livre juste, dans une écriture simple et directe.
Un exercice auquel chacun pourrait se livrer pour son propre compte.

Christian, Cafés Littéraires



Du Roure, 2012
Trois familles quinze vie en haute Ardèche / André Bergeron, Joanna Meillo [Témoignage]


Ils n'ont pas tous "quitté le pays"



Cet ouvrage présente la haute Ardèche, réputée pour son exode rural, à travers les témoignages de trois familles et leurs quinze membres.

Trois familles, quinze portraits individuels livrés sous leur forme brute appuyés par le regard monochrome du photographe qui fait résonner la vie paysanne moderne avec celle d'antan.

Trois familles, quinze récits de la vie là-haut retranscrits sans littérature.

De celle dont les enfants sont partis à celle dont les enfants veulent rester, trois familles qui racontent la dureté de la vie dans les hautes terres.

Quinze vies qui refusent "la ville et ses secrets", continuent de vivre avec les saisons, travaillent chaque jour pour faire vivre leur exploitation.

Quinze vies qui se racontent au quotidien et qui nous disent leurs rêves et leurs désillusions ; leur haine et leur amour de la terre, leur espoir d'une vie meilleure.

Trois familles quinze vies en haute Ardèche : un livre documentaire du fonds local illustré de photographies à l'ancienne en noir et blanc, qui rendent le passé toujours présent par un jeu de superpositions.

Préfacé par Raymond Depardon, qui signe "Profils paysan",  DVD sur  l'évolution de la vie agricole en moyenne montagne. Disponible à la médiathèque.

Anne, Médiathèque.


Martinière, 2012
Agatha Christie / François Rivière [Biographie]


Le Mystère de la reine du crime

Le romancier le plus lu au monde est une femme…: Agatha Christie.

Traduits dans toutes les langues, ses livres se vendent à des millions d'exemplaires. Mais que sait-on vraiment de la créatrice d'Hercule Poirot et de Miss Marple? Qui se cache derrière le monument littéraire, derrière cette grosse dame anglaise aux allures de reine mère ?



Dans une biographie en forme de beau livre, François Rivière raconte avec passion la trajectoire hors normes d'Agatha Christie. Celle d'une femme secrète, complexe, jeune midinette blessée par un premier mari volage, et qui n'hésitera pas, pour se venger, à mettre en scène sa propre disparition pendant 11 jours, suscitant un immense émoi médiatique en Angleterre. Celle d'une romancière prolifique et d'une travailleuse acharnée qui ne cessera de perfectionner son art de l'intrigue criminelle, gagnant ainsi son surnom de «Duchesse de la mort».



La réussite du livre tient surtout à la richesse des illustrations (photos de famille, couvertures «vintage»...) et à sa construction en forme d'enquête, avec des titres de chapitres qui parodient les meilleurs romans d'Agatha (Un express pour le Moyen-Orient, On assassine sous le soleil...).
Une touche d'humour très british pour une délicieuse plongée dans l'univers de la romancière. 


Grand admirateur d'Agatha Christie, François Rivière a adapté plusieurs de ses romans en bandes dessinées. Il a également publié des albums consacrés aux promenades et aux recettes de cuisine de la célèbre anglaise.

A signaler pour les inconditionnels: les adaptations cinématographiques malicieuses réalisées par Pascal Thomas à partir de 3 romans d'Agatha Christie: Mon petit doigt m'a dit, Le Crime est notre affaire, Associés contre le crime. Avec André Dussolier et Catherine Frot.



Chantal, Médiathèque






Seuil, 2012
Peste & Choléra / Patrick Deville

Venue d’Extrême-Orient par les routes du commerce, la peste sévit pour la première fois en Occident en 541. 
Ce n’est qu’en 1894, que le virus responsable de la « mort noire » est enfin identifié par Alexandre Yersin à Hong Kong lors d’une épidémie.
Un siècle plus tard, passionné par la vie de ce chercheur, Patrick Deville le suit sur le terrain de ses aventures. 
Nous découvrons ainsi l’éclosion des multiples talents de ce jeune chercheur formé par Louis Pasteur et faisant partie de sa première équipe.
Cet humaniste du 19ème siècle, plus proche d’un personnage biblique que d’un riche fondateur de dynasties industrielles, érige comme principe de base que « ce n’est pas une vie que de ne pas bouger ».
Aussi, partira-t'il pour l’Asie où il sera marin puis explorateur, multipliera les observations scientifiques et les appliquera jusqu’à leur plein achèvement que ce soit dans le domaine médical, botanique, mécanique, …
Dans un style résolument contemporain, déconcertant, proche du langage parlé, le récit de cette vie hors du commun exerce une grande fascination et nous conduit à vouloir emprunter à notre tour les nouvelles pistes ouvertes par cet étonnant chercheur-entrepreneur.

France, Bibliothèque Orange




Fleuve Noir, 2012
Petits arrangements avec le mariage / Moni Mohsin

La vie pénible des femmes au Pakistan, les problèmes d’éducation, les explosions terroristes…
Toutes les difficultés de vivre dans ce pays aujourd’hui sont abordées de manière humoristique dans ce roman, à travers les yeux d’une jeune femme…accro des marques et du shopping.

Parfaitement divertissant malgré le sérieux du sujet !

Cathy, Librairie Chapitre



Actes Sud, 2012
Anima /  Wouajdi Mouawad

Ce roman nous plonge dans une course hallucinante, celle d’un homme lancé à la poursuite du meurtrier de sa femme.
Cette histoire violente et désespérée est rendue plus intense encore par une narration intrigante.
Elle est en effet  racontée par les animaux qui la peuplent, spectateurs ou acteurs du récit.
Dans sa recherche du tueur, le héros sera confronté à son passé et au drame terrible de son enfance, là où tout a commencé…
Un roman choc et fascinant.

Cécile, librairie Chapitre



Plon, 2013
Bernadette a disparu / Maria Semple

Bernadette, ancienne architecte visionnaire, s’étiole en mère de famille légèrement border line entre son mari ingénieur chez Microsoft et sa fille adolescente surdouée. 
A l’image de son manoir en ruine Bernadette fait tâche dans ce quartier huppé de Seattle où tous les protagonistes de cette histoire, mères de famille, enseignants, voisins s’efforcent de présenter leur meilleur profil dans ce microcosme féroce et conventionnel.
Alors quand sa fille projette un voyage familial en Antarctique en récompense de ses bonnes notes, Bernadette perd les pédales et se volatilise.

La trame de l’histoire est racontée par la fille de Bernadette à laquelle s’ajoute les voix des autres personnages à travers , mails, interviews, articles de presse et tout cela forme un livre drôle et léger sans mièvrerie.

Diane, librairie Chapitre




L'Olivier, 2011
Le cas Sneidjer / Jean-Paul Dubois

Voici le portrait d’un homme perdu dans une vie improbable…
Sous la plume aiguisée de Jean Paul Dubois, nous assistons à la prise de conscience par notre « héros » que sa vie n’est qu’un épouvantable gâchis.
L’humour noir,  présent à chaque page,  tempère le côté tragique de cette histoire tout en lui donnant beaucoup de vivacité.
Cécile, Librairie Chapitre







Julliard, 2012
Mon pire ennemi est sous mon chapeau / Laurent Bénégui

Voici un roman réjouissant qui nous embarque dans une histoire rocambolesque, en compagnie d’un héros devenu cambrioleur presque « malgré lui ».

Tout cela est « drôlement » bien raconté … Laurent Bénégui manie parfaitement suspense et humour pour nous tenir en haleine de la première à la dernière page.

Cécile, Librairie Chapitre
 



Au Diable Vauvert,
2012
Skinheads / John King

Quel P…. de roman John King nous offre-t-il à travers  l’histoire de trois générations de skins, entre bière, foot, musique et drogue, loin des sentiers battus sur le sujet!

Dans un style incisif, savant mélange entre Ken Loach et George Orwell, l’auteur nous plonge sans fards dans la culture populaire anglaise des 40 dernières années, fière d’elle-même et de ses racines.

Un cocktail so british…à déguster comme un bonne pinte de «ale» !

François, Librairie Chapitre


Liana Levi, 2011
D’acier / Silvia Avallone


Une triste dolce vita
Anna et Francesca, les meilleures amies du monde…
Adolescentes et  reines de la plages de Piombino, sous les barres HLM et le regard des autres.
Autour d’elles gravitent les habitants de la cité, des histoires parallèles qui tissent une trame dramatique dans cette histoire poignante.  Il y est question d’amour et d’amitié, de haine et de violence, d’espoirs et de tristesse.
L’ Italie ici ne fait pas rêver, mais l’écriture lumineuse de Silvia Avallone nous offre pourtant un magnifique roman, ardent et émouvant.

Cécile, Librairie Chapitre.



Gallimard, 2012
Avenue des géants / Marc Dugain

Ce roman captivant nous confronte à la folie et à l’intelligence d’un homme.
Marc Dugain s’est inspiré du personnage d’Edmund Kemper, un américain enfermé à vie pour avoir commis des meurtres atroces, dont ceux de ses grands-parents et de sa mère.
L’histoire, racontée à la première personne, nous place dans la tête du tueur, et tente ainsi de nous faire comprendre ses « motivations ».
Difficile cependant d’imaginer quelqu’un qui soit totalement dénué d’empathie envers les autres… C’est pourtant ce qui ressort à la lecture de ce portrait fascinant, celui d’un homme en lutte contre ses démons, et qui devient un monstre en leur cédant.

Cécile, Librairie Chapitre

Leonora / Eléna Poniatowska

Actes Sud, 2012
Leonora Carrington, peintre et compagne un temps de Marx Ernst, est le sujet de ce livre.
La personnalité tourmentée de cette femme habitée par une vision du monde onirique et mélancolique la rapprochera des surréalistes. Terriblement attachante par sa sensibilité animale, c’est un esprit libre qui manifestera son indépendance et son tempérament d’artiste dés le plus jeune âge. 
Née en Grande Bretagne, qu’elle quitte pour Paris, elle vivra principalement au Mexique.

Grâce à une écriture qui semble être l’émanation littéraire de l’âme de Leonora, le lecteur est immergé au cœur de l’aventure artistique qu’elle à vécue et au cours de laquelle elle côtoya la plupart des peintres et poètes qui ont marqué le XXe siècle.

Eléna Poniatowska est une journaliste et écrivaine mexicaine renommée dont l’œuvre est fortement inspirée par la vie politique et artistique de son pays.

"Le cornet acoustique", roman de Leonora Carrington, paru chez Flammarion en 1974. Disponible à la médiathèque.

Librairie Chapitre, Montélimar

"Y revenir" et "J'aurais ta peau Dominique A" / Arnaud le Gouëfflec et Olivier Balez, Glénat, 2013 [Roman et Bande dessinée]
                                                                          A. comme... attachant.

Personnage à part de la scène française, Dominique A poursuit depuis 20 ans une carrière exemplaire discrète, récompensée en 2013 par une Victoire de la musique de meilleur artiste masculin de l'année.

Stock, 2012
Un chanteur rare, compositeur audacieux et parolier littéraire, doublé d'un écrivain talentueux, qui a publié en 2012 un récit aussi attachant qu'une de ses chansons, largement autofictif, mais résolument loin des modes : «Y revenir ». Un petit livre plein de poésie nostalgique dans lequel prend toute son ampleur la « voix » de Monsieur A.

Eh bien voici que ce chanteur délicat et subtile est le personnage principal d'une bande dessinée atypique : « J'aurais ta peau Dominique A »! 
Un récit drôle dans lequel notre pauvre antihéros se retrouve confronté à un corbeau qui le menace de mort... 
Glénat, 2013
Réalité et fiction se mêlent dans une aventure rocambolesque où l'on croise également le comparse déjanté Philippe Katerine. Beaucoup d'humour, beaucoup de tendresse, et au final une réflexion touchante sur le métier d'artiste et le star-system.

« Mais pourquoi moi ? » se demande inlassablement le chanteur (trop) méconnu...

Thierry T., Médiathèque

Mercure de France, 2012
Partages / Gwenaëlle Aubry

Une terre, deux peuples

Le destin croisé de deux jeunes filles à Jérusalem. 
Sarah, israélienne arrive de New-York après les attentats du 11 septembre 2001 et Leila, palestinienne est née dans un camp de réfugiés.
Le récit alterne les deux voix qui disent leurs sentiments, leurs émotions, leur colère. Des points communs apparaissent dans ces vies différentes, dans d'autres circonstances elles auraient pu être amies.
Ce qui pourrait les rapprocher, en fait les sépare tant elles sont prises dans l'engrenage de l'Histoire avec ses guerres, ses violences.
Chaque jeune fille, chaque famille, chaque camp reste sur ses positions et amplifie sa haine. 
 
L'auteur, qui ne prend parti à aucun moment, montre comment l'enchaînement d'évènements tragiques creusent des fossés et rend toute communication impossible.

Framboiz, Médiathèque


Fayard, 2013
Remonter la Marne / Jean-Paul Kauffmann

Champagne !

En 2011, le journaliste et écrivain Jean-Paul Kauffmann entreprend de remonter la Marne, depuis sa confluence avec la Seine jusqu'à sa source, marchant sur les pas de son grand-père alsacien, soldat de la Grande Guerre. 
Dix heures par jour, sac au dos, il longe les berges du fleuve et découvre des paysages parfois éclairés par une étrange lueur que l'on nomme la rambleur. Villages endormis, souvent dépeuplés, écluses, anciennes guinguettes... c'est une ruralité fragilisée par la crise mais fière encore, qui se découvre. 
Au fil de son périple, le marcheur croise ceux qui vivent au bord du fleuve : paysans, chasseurs, vagabond... et même un chien qui va l'accompagner pendant quelques jours...
Refusant toute nostalgie, l'auteur porte un regard empathique et au final optimiste sur ce fragment de France profonde. 
Mêlant récit de voyage, portraits, souvenirs historiques et littéraires, cette promenade champenoise est un bonheur, un véritable enchantement.

Le journaliste Jean-Paul Kauffmann a été retenu comme otage au Liban de 1985 à 1988. Il a fait le récit de cette captivité et du douloureux réapprentissage d'une vie normale dans La Maison du retour paru en 2007.
Il est aussi l'auteur de plusieurs romans, notamment La Chambre noire de Longwood, beau livre en forme d'enquête sur les derniers jours de Napoléon à Ste Hélène. 

 Chantal, Médiathèque

 
Rivage, 2012
La moitié d'une vie / Darin Strauss

Ma vie avec un fantôme

18 ans, l'avenir devant soi!
Un jour de mai, les copains dans la voiture, la musique en fond, direction la plage.Darin au volant de son Oldsmobile ne peut éviter le vélo qui brusquement fait une embardé sur sa voie.
Céline, une jeune fille de son lycée, décède.
Le rapport de police établit que Darin n'y est pour rien. Cependant un fort sentiment de culpabilité l'envahit. Le regard des autres se fait accusateur.
Les parents de la jeune fille lui intentent un procès.
Sa vie comme un lierre s'est enroulée autour de cet événement.

Dans ce récit, Darin Strauss s'interroge sur la manière dont il a vécu un tel drame en tant qu' adolescent, comment il en a porté le poids dans l'âge adulte.
18 ans après les faits, il arrive à revenir en arrière et mettre des mots sur sa souffrance.
Avec honnêteté et sobriété, il explore les mécanismes de la conscience et des émotions

Darin Strauss, écrivain et professeur de littérature a obtenu avec « La Moitié d'une vie », son quatrième livre, le National Book Critics Circle Award . Ce prix récompense le meilleur livre de non-fiction aux Etats-Unis.

Aude, Médiathèque



Métailié, 2012
Le dernier lapon / Oliver Truc

Enquête au pays du Père Noël

En quelques pages, le décor est planté : la Laponie et sa nuit polaire de 40 jours, son froid glacial, son peuple sami et ses éleveurs de rennes.
Dans le village de Kautokeino, le vol d'un tambour de chamane exposé au centre culturel et le meurtre d'un éleveur de rennes vont bouleverser la petite communauté.
Pour résoudre cette affaire, les 2 enquêteurs de la police des rennes, Klemet le lapon et sa jeune coéquipière Nina, vont devoir remonter le passé jusqu'à une expédition de Paul-Emile Victor en 1939, et déchiffrer les mystères des tambours samis et des joïks, les chants traditionnels lapons.

Grand connaisseur des pays nordiques, Olivier Truc réussit un polar ethnologique palpitant et très instructif. Il nous emmène sur les traces de son duo d'enquêteurs, sillonnant à motoneige les grands espaces sauvages et glacés, pour découvrir une civilisation peu connue, partagée entre tradition et appel de la modernité. Une fois le livre refermé, on se dit qu'on rempilerait volontiers pour la suite des aventures de la police des rennes en pays sami. Espérons que ce premier roman sera le début d'une longue série, comme celle des enquêtes en terre navajo de Tony Hillerman.

Dans le même registre, voir aussi le film On the ice (réal. A. Okpeaha MacLean, 2012), un polar inuit quasi documentaire, sur fond de chasse aux phoques.

Chantal, Médiathèque



Le livre de poche, 2010
Où on va, Papa? / Jean-Louis Fournier

L'auto-dérision comme survie




Jean-Louis Fournier, auteur et narrateur de ce récit, rend hommage à Mathieu et Thomas.

Quand il parle de ses deux enfant, il dit d'eux qu'ils ne sont « pas comme les autres ». «Ça laisse planer un doute» ajoute t'il.

C'est un roman qui prend le contre pied du quotidien et raconte un monde à l'envers. C'est le roman de l'absurde, de ce qui aurait du être et n'a pas été.

Jean-Louis Fournier livre de courts fragments de sa vie avec humour et ironie. Il se fait irrévérencieux pour nous emmener dans sa douleur et sa culpabilité.

Il rit de ses enfants, de lui, pour ne pas pleurer.

Un livre qui nous apprend à rester humble.



Aude, Médiathèque

Plon, 2010 - Folio, 2012
Le Confident / Hélène Grémillon  

Désir d'enfant

Camille, enceinte, vient de perdre sa mère. 
Parmi les lettres de condoléances, un courrier curieux, bientôt suivi par d'autres.
Il relate la vie et les amours d'une certaine Annie sur fond de seconde guerre mondiale. Camille se sent de plus en plus concernée par ce récit qui lui est destiné et attend avec impatience le courrier suivant.
Cette histoire est-elle aussi la sienne ?
Le texte alterne, avec un changement de typographie, le passé raconté dans les lettres et la vie actuelle de Camille. Dans ce roman polyphonique, les révélations s'enchaînent, dévoilant des personnalités complexes.
Ce premier roman d' Hélène Grémillon, évoquant les secrets de famille, le désir de maternité est captivant de bout en bout.

Framboiz, Médiathèque.


Gallimard, 2012
Comme une bête / Joy Sorman


Végétariens s'abstenir !

Devenu apprenti boucher par hasard, Pim se prend d'une passion dévorante pour son métier.
Son obsession : devenir un artiste, le meilleur boucher du monde.
La viande devient toute sa vie, même s'il y a parfois des filles qui croisent son chemin. Mais elles ne restent pas, effrayées de s'apercevoir qu'il les caresse en comptant leurs côtes premières...
Cette quête effrénée de l'excellence va mener Pim aux portes de la folie. On pense au film de Claude Chabrol Le boucher.
Après Gros œuvre dans lequel elle explorait l'univers du bâtiment, Joy Sorman s'installe avec son nouveau roman dans celui de la boucherie dont elle s'approprie le langage avec virtuosité, jusque dans les moindres détails anatomiques. Le lecteur devient au fil des pages un expert des techniques de désossage ou encore de la texture délicate des ris de veau.
Avec ce texte de chair et de sang, l'auteur nous offre une plongée fascinante dans les fantasmes et obsessions de son héros, mais elle livre aussi une photographie très instructive de la filière de la viande, de l'élevage jusqu'à l'étal du boucher en passant par l'abattoir, ainsi qu'une réflexion sur le rapport paradoxal que nous entretenons avec les animaux que nous consommons.

Suggestions de lectures complémentaires :
  • Faut-il manger les animaux ? / Jonathan Safran Foer (2011)
  • No steak / Aymeric Caron (2013)
Chantal, Médiathèque

 
Serge Pey
Ahuc, poèmes stratégiques 1985-2012 / Serge Pey

Serge Pey est poète, diseur et marcheur. 
On oublie pas une lecture de Serge Pey accompagné de ses bâtons et de ses rituels. Ses poèmes sont proches de l’oracle, de la magie tout en s’inscrivant dans le quotidien,  le métaphysique et la lutte. Depuis trente ans il mêle l’écriture poétique et l’action, la performance et le visuel .
Avec lui, « la poésie tape du pied » comme l’écrit André Velter et devient un envoutement quasi-chamanique .Ce livre refait le parcours d’un poète qui empoigne le monde, son chaos, ses émerveillements et ses renaissances. Il propose en complément un dvd de certaines de ses lectures /interventions.

Christian Liotard, Cafés Littéraires

                            
                                     Wild / Cheryl Strayed

Arthaud, 2013
Wild est le récit touchant et passionnant d’une jeune femme en quête de soi.
Presque sur un coup de tête et sans aucune préparation physique, elle décide de partir seule « affronter » le chemin des crêtes du Pacifique, long de 1700km. Mais pendant plusieurs semaines, c’est surtout elle-même qu’elle va affronter, elle et les égarements qui ont suivi le décès de sa mère.
Cheryl Strayed construit ce captivant récit avec finesse, en l’émaillant des moments importants de son existence, ceux-là même qui l’ont conduit à partir sac au dos. C’est ainsi qu’elle égrène ses souvenirs, déroulant le fil d’une vie parfois poignante.
Bien sûr, elle s’attache aussi à la beauté et à la rudesse des paysages qu’elle traverse, elle décrit ses souffrances physiques dues aux chaussures trop petites ou au sac bien trop lourd.
Elle nous parle des ses rencontres, de tous ces gens avec qui elle a partagé des moments chaleureux, brefs, intenses, quelquefois bizarres mais rarement inquiétants.
Tout cela donne un très beau témoignage, conclut par la promesse d’une nouvelle vie au bout du chemin.

Cécile, Librairie Chapitre

Alma, 2013
Massalia blues / Minna Sif

Écrivain public auprès des Chibanis du quartier de la Porte d’Aix à Marseille, la narratrice s’attache à Brahim, clochard et conteur qui parcourt le tohu bohu de la ville avec son caddie. 
Elle retrace le cours de sa vie dans un récit picaresque et haut en couleurs qui nous entraine du Maroc berbère des « femmes hardies, bavardes et moqueuses» de sa jeunesse au Marseille de la cour des miracles où se côtoient étrangers, sans-papiers, prostituées, voleurs et marginaux en tous genres.
Ce roman sonne comme un rap ou un blues de style «  méchamment berbère» pour reprendre le titre du premier livre de Minna Sif. Il est porté par une rage écrite dans la langue de Rabelais par une jeune marseillaise impliquée dans des ateliers d’écriture et les enjeux de Marseille Capitale Européenne de la Culture.
Minna Sif, issue d’une famille berbère marocaine, a grandi en Corse et à Marseille. Elle a retracé cette enfance dans « Méchamment berbère » publié en 1997 chez Ramsay et repris en J’ai lu.

Christian, Cafés littéraires de Montélimar


Liana Levi, 2011
Dans la mer il y a des crocodiles / Fabio Geda
Comment ne pas être à la fois bouleversé et plein d’espoir en lisant ce récit de Fabio GEDA, tiré de l’histoire d’ Enaiatollah Akbari , jeune afghan « d’à peu près 11ans ». Enaiat fait partie de l’ethnie des Hazarats, à la fois haïe des Patchounes et des Talibans. Par conséquent sa seule chance de survie est de fuir vers l’Europe.
Sa mère l’a bien compris et, par un acte d’amour exemplaire, l’emmène et l’abandonne au Pakistan, non sans lui avoir recommandé de toujours désirer quelque chose, de tout son être.
Guidé par Enaiat, Fabio Geda nous emmène d’Afghanistan au Pakistan, puis en Iran, en Turquie et en Grèce, quelquefois dans des bus de ligne, mais aussi dans un double fond de camion ou sur un canot pneumatique pour arriver enfin en Italie.
Commence alors un périple fait de petits boulots pour survivre, de vie dans des logements de fortune où règnent la promiscuité et la crasse, et de départs permanents pour fuir le danger. Ce que raconte Enaiat est insoutenable, mais il le fait avec une telle candeur, avec la fraîcheur de l’enfance et une telle envie de vivre, d’apprendre et de gagner, que ce long voyage de cinq années nous apparaît bientôt comme un jeu. 
De ce jeu, le petit  Enaiat va sortir vainqueur, à force de volonté et d’y croire, mais aussi grâce aux personnes qu’il va rencontrer sur sa route. Il a eu de la chance et a réussi à s’en emparer, nous prouvant ainsi que tout est possible.
A rapprocher de « Va Vis et Deviens », le film de Radu Mihaileanu. Disponible en DVD à la médiathèque.
Blandine, Bibliothèque Orange


10/18, 2011
Le Cherche-Bonheur/ Michaël Zadoorian

Destination finale.

Le Cherche-bonheur, c'est le nom du camping-car de Ella et John Robina, un couple d'octogénaires originaires de Détroit.
Malgré une batterie de handicaps, l'avis des médecins et enfants, Ella, la narratrice, décide d'entraîner son mari John - plus vraiment toute sa tête mais encore capable de conduire- pour un ultime voyage.
Leur destination : Disneyland, en empruntant la mythique route 66.
C'est le début d'un long périple à travers dix états traversés, dix chapitres où s'entremêlent souvenirs de soixante ans de vie commune et situations cocasses : John disparait, s'oublie régulièrement, Ella est incapable de se relever...
C'est avec plaisir que l'on embarque à bord du Cherche-Bonheur avec ce couple attachant, plein de tendresse et de compassion l'un pour l'autre.
L'amour est toujours là malgré le temps qui passe et les tensions suscitées par les effets de la maladie de l'autre.

Mylène, Médiathèque

Lovesong / Alex Miller

Phébus, 2012
De retour à Melbourne, sa ville natale, un écrivain, décidé à y prendre sa retraite, fait la connaissance de ses nouveaux voisins qui ont ouvert une pâtisserie. Au fil de leurs rencontres dans le quartier, il prend l’habitude de retrouver John Patterner, au café Paradiso. Ce dernier commence à lui raconter sa vie.
Ce qui semble au départ n’être qu’une jolie chanson d’amour : sa rencontre à Paris avec sa femme Sabiha, une superbe tunisienne, aussi talentueuse pour faire partager la cuisine de son pays que les vieilles légendes chantées dans son enfance, l’histoire de leur petite fille Houria, leur installation à Melbourne, révèle des personnalités plus complexes. Sabiha a décidé de forcer le destin pour réaliser ce qu’elle sait être le sens profond de sa vie : donner naissance à sa fille.
Pour chacun des personnages, la réalisation de soi se fait au détriment de l’autre.
Ce roman est une belle découverte d’Alex Miller, écrivain australien, traduit pour la première fois en français.

France, Bibliothèque Orange


Grasset, 2011
Retour à Killybegs / Sorj Chalandon

Plutôt qu’un énième essai sur les motivations des membres de l’IRA, Sorj Chalandon, journaliste « saisi » par l’Irlande, nous fait plonger au cœur de ce mouvement au travers du récit, mi- authentique, mi- romancé de la vie d’un de ses héros, Tyrone Meehan.
Il s’agit d’une sorte de confession en trois temps, écrite quelques jours avant sa mort annoncée, dans laquelle il revisite les moments charnières de son engagement politique où sa vie aurait pu basculer, s’il avait renoncé à la guerre.
« Retour à Killisbegs », écrit quatre ans après « Mon traître », donne quelques clefs pour mieux saisir les différentes facettes de la personnalité de cet ami irlandais.
Que sait-on des personnes qui nous entourent et de leurs réelles motivations ?

Début janvier 2013, de nouvelles violences ont lieu à Belfast malgré l'accord de paix de 1998.
Février 2013 : sortie du film « Shadow Dancer », histoire d’une femme traître, sur fond de conflit irlandais.

France, Bibliothèque Orange


Table ronde, 2012
Vrouz / Valérie Rouzeau


Vrouz vient d’un bon mot forgé par Jacques Bonnafé et donne son titre à un livre qui devait se nommer « autoportraits sonnés avec ou sans moi ».
« Autoportraits » donc, avec les petits faits de sa vie et les scènes des gens autour d’elle.
« Sonnés »- avec du son et la forme du sonnet pour faire sonner le quotidien .
Vrouz, c’est une voix , une voix de poète qui invente aujourd’hui sa langue dans la lignée de Prévert, Desnos et des autres, une voix joueuse, chanteuse et toujours modeste, une voix vivante.
Une voix qui compte dans le petit monde des poètes comme en atteste le dossier publié en mars 2012 par le Matricule des Anges : « ...Valérie Rouzeau trace une voie buissonnière propre à conduire chacun au plus intime de soi, dans un lieu habitable enfin.. 
Récompensé par le Prix Appolinaire 2012, Vrouz est le 16e livre de poésie publié par Valérie Rouzeau, également traductrice de Sylvia Plath, Ted Hughes et William Carlos William.

Comité de lecture, Cafés Littéraires de Montélimar

Mercure de France, 2013
La petite Borde / Emmanuelle Guattari

Une enfance parmi les Fous

Le château de La Borde, c'est une clinique psychiatrique de référence créée en 1953 près de Blois. Un établissement hors normes, où les soignants ne portent pas de blouse blanche, où les portes ne sont pas verrouillées, où les malades participent aux tâches quotidiennes.
Fille de Félix Guattari, célèbre psychanalyste et philosophe qui travailla et vécut à La Borde avec femme et enfants, Emmanuelle a grandi dans cette étrange communauté dont elle livre les souvenirs dans ce premier « roman ».
Dans une succession de courtes « vignettes » d'une ou deux pages, elle restitue une enfance à la fois singulière et universelle : le voisinage tranquille avec les « pensionnaires », ces malades dont les manies deviennent familières et rassurantes, les convictions utopistes du père, ou encore l'apprentissage de la liberté dans l'immense parc du château, inépuisable terrain de jeu pour la fratrie.
Chaque flash saisit un instant, un décor, un personnage, une anecdote. Beaucoup de tendresse et de fantaisie, mais aucune nostalgie dans ce récit très épuré dont chaque mot semble avoir été soigneusement pesé. Un livre qui donne envie de se pencher sur ses propres souvenirs d'enfance pour les coucher par écrit.

Chantal, Médiathèque

Fosse aux ours, 2012
La nuit tombée / Antoine Choplin

Gouri, sur sa moto attelée d'une remorque traverse l'Ukraine. Sa destination est la zone interdite de Tchernobyl qu'il doit atteindre en secret. 
Quel est son but ? Revoir les lieux ? Retrouver un ultime souvenir de la vie d'avant ? En route, il s'arrête chez Iakov, très malade et Véra. Tour à tour, ils racontent la catastrophe, l'évacuation, les souffrances... Gouri écrit des poèmes pour que plus tard on sache la vie joyeuse, puis le malheur.
Avec des phrases courtes, une écriture dense, théâtrale, Antoine Choplin décrit soigneusement les gestes et les attitudes de chaque personnage, le ton employé. Les dialogues sont tels des répliques où chaque mot est choisi, pesé.
Ce récit prenant nous empoigne et nous immerge dans le quotidien de ceux qui ont vécu cette horreur et que nous n'oublierons pas.
Un film "La terre outragée" de Michale Boganim, une bande dessinée "Tchernobyl, la zone " de Natacha Bustos relatent également avec beaucoup de sensibilité et d'émotion ce drame d'il y a maintenant 27 ans. C'était hier, c'est peut-être demain.

Framboiz, Médiathèque

Liana Levi, 2012
Le jardinier d’Otchakov / Andreï Kourkov

2012, aux abords de la ville de Kiev.
Qui est ce Stepan, introduit un beau jour dans la maison d’Elena Andreïvna et de son fils Igor par leur voisine ? Il se propose d’être jardinier mais semble prêt à exécuter toutes sortes de travaux en échange d’un abri pour passer l’hiver.
Igor, intrigué par le tatouage sur l’épaule du nouveau jardinier, se lance avec son meilleur ami Kolian, à la découverte de la signification du dessin. Sa résolution conduit Igor et Stépan dans la petite ville d’Otchakov, sur les bords de la mer noire.
De déductions en explorations, ils retrouvent trois valises dont une contient un uniforme de milicien, une montre et un révolver.
Et c’est ainsi que les diableries, propres aux contes russes, conduisent Igor à faire des incursions de plus en plus fréquentes, dans l’ Otchakov de 1957 où se situe le passé de Stépan.
Avec humour et tendresse, Andreï Kourkov décrit la vie des petites gens à l’ère soviétique, sans acrimonie et observe ce que le passage, sans préparation, à la démocratie et l’économie de marché, a comme conséquences sur les habitants de la nouvelle Russie du début du XXIème siècle.

France, Bibliothèque Orange

Au Diable Vauvert, 2012
Loin du monde / Sébastien Ayreault

Le monde est grand, faut y aller voir - comme dit le grand père. 
A dix ans, le narrateur grandit loin du monde, c'est à dire "à Maulévrier, prés de Cholet, 4 saisons, une zone industrielle et 2 terrains de foot".
Roman d'une enfance des années 80 dans ce fin fond laborieux, entre un père working class hero, fan de Johnny et amateur d'Alpha Roméo et une mère mélancolique. 
C'est le temps du passage sauvage de l'enfance à l'adolescence, mais pas de nostalgie chez Sébastien Ayreault, juste l'écriture vive de ce temps de grandir avant d'aller voir le monde, temps des émois, des colères, des joies, des peurs ... 
Un premier roman plein de poésie.

Comité de lecture / Cafés Littéraires de Montélimar


Albin Michel, 2012
La vie rêvée d'Ernesto G / Jean-Michel Guenassia 

Après Jenni et sa saga militaire française, du maquis aux guerres de décolonisation, voici la réponse « communiste » de Guenassia, à travers l’itinéraire d’un médecin juif praguois internationaliste.
Ce récit fleuve nous amène aux quatre coins de l’Europe, auprès des opprimés et des luttes sociales du XX° siècle.
Un guide historique lumineux pour apprentis révolutionnaires ou simples curieux férus d’aventure et d’humanisme.
L’utopie est morte, vive l’utopie !

François, Librairie Chapitre


Actes sud, 2012
Anima /  Wouajdi Mouawad

Ce roman nous plonge dans une course hallucinante, celle d’un homme lancé à la poursuite du meurtrier de sa femme.
Cette histoire violente et désespérée est rendue plus intense encore par une narration intrigante. Elle est en effet  racontée par les animaux qui la peuplent, spectateurs ou acteurs du récit.

Dans sa recherche du tueur, le héros sera confronté à son passé et au drame terrible de son enfance, là où tout a commencé…
Un roman choc et fascinant.

Cécile, Libraire Chapitre



Gallimard, 2013
L'autre vie d'Orwell / Jean-Pierre Martin

Au sortir de la guerre et de ses engagements, Orwell passe les deux dernières années de sa vie (de 1946 à 1948) loin du monde sur une île des Hébrides.
Il y est jardinier, maçon et c’est là qu’il écrit 1984.
Jean-Pierre Martin se rend sur place, cherchant le lien secret entre la naissance du jardin et la maturation du roman à venir, entre le programme d'écriture et l’organisation de la vie quotidienne sur ce petit bout du monde désert.
Finalement c'est un Orwell plus riche et passionnant qu'il nous livre, un homme qui doit "étreindre le réel rugueux" avec les mains avant de se confronter aux mots et aux idées.
Une lecture d’une grande qualité d'écriture qui renouvelle en profondeur l'intérêt pour Orwell à travers ces "domestic diaries".

Comité de lecture, Cafés Littéraires de Montélimar


Grasset, 2012
Réanimation / Cécile Guilbert

Même pas mal! 

Cécile et Blaise s'aiment depuis 20 ans. Ces 2 créateurs -elle est écrivain, il est photographe- vivent soudés l'un à l'autre, portés par une insolente vitalité. Et soudain, le fracas de la maladie dans leur vie. Blaise est atteint d'une « cellulite cervicale ». Le diagnostic est grave. Opéré d'urgence, il est plongé dans un coma artificiel de longue durée.

Pour Cécile, le monde bascule. Ravagée d'angoisse, elle consigne dans un journal ses visites quotidiennes en service de « réa » mais aussi ses réflexions sur la vie, la mort, l'écriture. C'est d'abord le récit d'un effondrement, d'une stupeur incrédule face à la maladie, puis d'une renaissance. Car Blaise guérit, et tout revient, leur amour et leur joie, encore plus forts qu'avant.

Ce texte autobiographique n'est pas un énième témoignage médical, c'est un remarquable récit littéraire qui interpelle par la façon dont l'auteur met la maladie à distance comme pour la défier. Loin de plonger la narratrice dans la confusion, la survenue de la maladie semble avoir aiguisé son esprit, stimulé sa pensée et sa créativité, et décuplé son aptitude au bonheur. Brûlante comme un alcool fort, cette « réanimation » du corps et de l'esprit offre au lecteur un remède revigorant contre la morosité...

En 2011, Cécile Guilbert et son mari ont publié chez Grasset un livre de réflexions et de photos sur les relations entre les hommes et les animaux « Animal et Cie ».

Chantal, Médiathèque

Philippe Rey, 2013
Petit art de la fuite / Enrico Remmert

 Trois trentenaires turinois se retrouvent embarqués dans un voyage improbable du nord au sud de l'Italie : Vittorio, violoncelliste torturé et hypocondriaque ; Francesca, sa fiancée de toujours ; Manuela, leur amie loufoque.
Un récit à trois voix qui déroute un peu au départ, mais qui donne par la suite une variation et un relief à cette fuite déjantée.
Un style vif, agréable, et moderne qui nous dépeint avec humour, ironie et parfois gravité la difficulté de tracer son chemin.

Comité de lecture / Cafés Littéraires de Montélimar


Actes sud, Babel noir, 2012
Code 1879 / Dan Waddell
 
Un polar qu’on ne lâche pas, captivant de bout en bout ! Une réussite au niveau de l’originalité de l’intrigue, au niveau de l’ambiance, très londonnienne, et des personnages, très « vivants »…
  Plongez dans le passé et les anciens quartiers de la capitale britannique, vous y trouverez l’explication de la série de meurtres récents qui secouent la ville. Crimes et généalogie, un brillant mariage !
Cécile, Librairie Chapitre

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