L’enfant de la chance / Thomas Buergenthal

Folio, 2012

L’auteur de cet ouvrage est juge à la cour international de La Haye, mais c’est à l’âge de 10 ans qu’il rencontre pour la première fois des criminels de guerre alors qu’il a la chance d’être déporté à Auswitch.   Chance dit-il, car si le train s’était arrêté à Birkeneau, c’était la mort immédiate dans les chambres à gaz.

Tout le ton du livre est dans cette phrase, l’extraordinaire courage et espérance de l’auteur, la foi en l’amour de ses parents alors qu’il doit survivre seul en enfer.

Sans pathos ni descriptions morbides, ce récit d’enfance nous fait rencontrer de bien belles personnes, Mundek et Gerda Buergenthal, les parents de l’auteur et Thomas, merveilleux narrateur.

Hommage à eux et à ceux qui, confrontés à l'innommable, y ont opposé un immense courage et une dignité admirable.

Diane, librairie Chapitre.

Rien n'est trop beau / Rona Jaffe

Presses de la Cité, 2011

Bienvenue dans le New-York des années 50 en compagnie d’ héroines tout juste échappées de l’univers de Raymond Loewy, sanglées dans leur tailleur à la Grace Kelly. Venues de province ou issues de la Grosse Pomme, elles évoluent dans le monde de l’édition ,de la publicité, domaines en pleine expansion dans lesquelles ces jeunes femmes tentent de faire carrière malgré le machisme ambiant. Entre deux martini dry, elles essaient de trouver le grand amour.

Rona Jaffe nous décrit cette middle-class américaine avec moins de pessimisme et d’acuité qu’une Dorothy Parker mais sans faux-semblants et pas mal d’humour. Elle nous offre un joli moment de lecture.

Diane, librairie Chapitre

La 317ème section / film de Pierre Schoendoerffer

1954 : la guerre d'Indochine touche à sa fin. Composée de 4 français et de soldats recrutés parmi la population locale, la 317ème section reçoit l'ordre de se replier et de rallier un poste militaire plus au sud. Commence alors une interminable marche dans la jungle oppressante. Traqués, épuisés, les soldats tentent d'échapper aux embuscades meurtrières d'un ennemi invisible. Dans cette débâcle, une relation fraternelle va se nouer entre le jeune sous-lieutenant Torrens (Jacques Perrin), tout juste sorti de St-Cyr, et le sergent baroudeur Willsdorf (Bruno Crémer).

Le film est né du parcours personnel du réalisateur, Pierre Schoendoerffer, récemment disparu. Cinéaste aux armées pendant la guerre d'Indochine, il est fait prisonnier à Dien Bien Phu et restera à jamais marqué par cette expérience.

Réalisé avec une grande sobriété, sans scènes spectaculaires destinées à « accrocher » le spectateur, le film est un témoignage quasi documentaire sur le quotidien des combattants, dans leur grandeur et leur misère. On est saisi par la beauté des images en noir et blanc, les dialogues ramenés à l'essentiel, et surtout par la force d'authenticité qui se dégage du récit.

Primé au festival de Cannes de 1965, La 317ème section reste un film toujours aussi marquant aujourd'hui. A découvrir ou à revoir.

Chantal, Médiathèque

Secret de famille / Isol [Album]

Outremont, 2009

Un mystère plane au-dessus de la maison d'une petite fille. En se levant plus tôt que d'habitude, la voilà qui croise sa mère, et découvre un incroyable secret!

Comment faire pour se comporter normalement après une telle découverte? Invitée chez Elise, une copine, une autre surprise l'attend! Affolée elle appelle sa maman qui ne tarde pas à venir la récupérer...Mais de quel secret s'agit-il?

Les illustrations d'Isol sont à la mesure du mystère qui plane, c'est-à-dire, effrayantes.

Nathalie D., Médiathèque

La page blanche / Gwénaëlle Boulet

Delcourt, 2012

En quête d'identité

Une jeune femme se réveille sur un banc dans Paris. Que fait-elle là ? Qui est-elle ? Elle ne se souvient de rien. Dans le sac à côté d'elle, un nom, une adresse où elle se rend comme chez une inconnue. Tel un détective, elle mène l'enquête, traque tous les indices pour retrouver sa vie, sa personnalité.

Les dessins et les couleurs avec de magnifiques dégradés de cette bande dessinée expriment les émotions d' Eloïse qui vit non sans humour cette situation où l'on se demande bien ce que l'on ferait si on était à sa place. Sa découverte de la vie banale et uniformisée qu'elle menait l'amène à se remettre en question, à se demander ce qu'elle veut être vraiment.

Framboise, Médiathèque

Le général du roi / Daphné du maurier

Phébus, 2003

Quand Honnor Harris jeune aristocrate anglaise rencontre Richard Grenvile à l’aube d’une vie pleine de promesse, elle ignore que la guerre civile dévastera l'Angleterre et déchirera les familles .

Une histoire d’amour crépusculaire entre une jeune femme à l’âme bien trempée à qui l'adversité ne donne que plus de combativité et un héros ténébreux qui court à sa perte plutôt qu’après l’amour.

Sur fond de batailles et d’exodes, Honnor et Richard se retrouvent et se perdent au gré des évènements, dans une soif de vivre incandescente.

Beaucoup de mélancolie dans ce roman, de sensibilité et de finesse psychologique.

Diane, librairie Chapitre.

Les averses d'automne / Tuna Kiremitçi

Galaade, 2011

Conversations turco-suisse

Madame Rosella, vieille dame de 85 ans a peur de perdre ses souvenirs. Peline, étudiante turque, envoyé par son père faire des études à l'étranger a besoin d'argent. La rencontre de 2 femmes, de 2 générations se noue autour de la langue turque. L'une l'ayant pratiqué durant l'un des plus beaux moments de sa vie, l'autre étant sa langue d'origine. Le dialogue s'installe tout au long du livre : les échanges sont vifs, drôles, romantiques et graves. Tuna Kirmitçi, jeune auteur turc confronte avec humour et tendresse 2 histoires, 2 époques et nous attache à ces portraits de femmes l'une nostalgique d'un passé éprouvant (l'exil d'une jeune juive à Istambul) mais exaltant l'autre à l'aube de sa vie d'adulte exilée dans un pays inconnu loin de ses repères.

La transmission, la langue, l'amour, les hommes autant de sujets abordés tout au long de cette conversation hebdomadaire.

Perrine,  Médiathèque

Contes canadiens / Hervé de Saint-Georges

Lampion, 2008

Ce recueil de contes dont l'imaginaire est ancré dans le Québec profond du début du 20ème siècle nous amène dans un monde sans pitié. On y lit, entre autres, l'histoire surprenante d'un ermite, le désarroi d'un chef de gare sans train, l'agonie d'un père dont la famille espère sa mort pour cesser de nourrir une bouche inutile et de toucher enfin l'héritage, la vie d'un ours de foire. C'est poignant, touchant, et cruel tout à la fois. L'attrait exercé par ces courtes histoires est renforcé par un langage truffé de québécismes savoureux: vlimeux, chérant, bâdrer, vargeux, itou, étriver, ammancher, encanter …

On ne peut alors qu'apprécier ces récits où s'entremêlent réalité et illusion.

Diane,  Médiathèque

Drive / film réalisé par Nicolas Winding Refn

WildSide Video, 2011

Driver, est un type solitaire, un peu mystérieux, avare en parole comme en sourire.

Il est garagiste et cascadeur le jour. La nuit, il conduit ; vite. Il travaille dans l'ombre, chauffeur pour la pègre. Dès qu'il a un volant entre les mains, ses pouvoirs sont décuplés.

Elle, c'est Irène, sa voisine. Elle vit seule avec son fils. Son mari est en prison.

Entre les deux, rien est dit, rien est fait mais il se passe quelque chose. Quelques regards, pas de paroles, de l'émotion : une histoire d'amour qui débute.

C'est comme un conte de fées mais dans un univers de truands.

Quand Standard, le mari d'Irène, sort de prison, il est très vite rattrapé par la mafia.

Pour protéger la femme qu'il aime, Driver va devoir s'impliquer.

Nicolas Winding Refn réalise un western moderne : un gars, une fille, des voitures, des flingues et des ennuis...

C'est beau, c'est violent. Des images en clair-obscur, une musique parfois entêtante qui se substitue aux paroles, des ralentis qui accentuent les moments de tension.

C'est rapide, sauvage et sympa comme un rêve éveillé qui se mue en cauchemar.

Aude, Médiathèque